Le 1er décembre, le monde entier célèbre la « Journée mondiale de lutte contre le sida » pour commémorer des étapes importantes du combat anti-VIH, 38 ans après la découverte du virus, et aussi pour recentrer les efforts sur de nouvelles contre-mesures.
Quelque 38 millions de personnes vivent avec le virus. Bien que les nouvelles infections aient diminué de 52 %depuis 1970, pour atteindre 1,5 million de personnes en 2020, l’effet du VIH/sida reste disproportionné en Afrique subsaharienne, qui représentait 32 %des personnes nouvellement infectées.
Cependant, sa prévalence ici n’est pas seulement un problème de santé, mais aussi un problème de gouvernance et de développement. Il s’agit d’États parfois mal gérés et dont les intérêts ne sont pas alignés sur les besoins et les priorités de leurs citoyens. Il s’agit de cultures patriarcales qui ne parviennent pas à s’adapter aux réalités et vérités actuelles, et qui s’inspirent plutôt du passé sous le couvert de la culture et de la tradition pour orienter les contextes présents et futurs.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme que les femmes représentent 75 % des infections à VIH en Afrique subsaharienne et sont trois fois plus susceptibles d’être infectées que les hommes. Les jeunes femmes ont un taux de prévalence plus du double de celui des jeunes hommes. Six nouvelles infections à VIH sur sept chez les adolescents âgés de 15 à 19 ans concernaient des filles, selon le rapport 2020 de l’ONUSIDA, les femmes âgées de 15 à 24 ans étant deux fois plus susceptibles que les hommes de contracter le virus. Environ 4 200 adolescentes et jeunes femmes étaient infectées chaque semaine.
Notamment, le sexe transactionnel est l’un des principaux moteurs de l’infection par le VIH chez les femmes en Afrique. La plupart des experts du sida en discutent comme s’il s’agissait d’un choix fait par des femmes, ou ils présentent les hommes africains comme des prédateurs sexuels. Mais ce n’est pas non plus le cas.
Les femmes ont des relations sexuelles transactionnelles avec des hommes riches parce qu’elles n’ont pas accès aux ressources dont elles ont besoin pour vivre. Cela implique souvent de renoncer au contrôle des conditions des rapports sexuels, comme l’utilisation d’un préservatif.
Dans ces conditions, les campagnes de sensibilisation ont peu d’impact. Des études ont suggéré que l’augmentation de leurs connaissances n’aide pas à éviter les comportements sexuels à risque : leur désespoir financier est suffisamment grave pour l’emporter sur les inquiétudes concernant la santé.
Les femmes qui ont un emploi formel sont moins susceptibles d’avoir des relations sexuelles transactionnelles, pourtant ce type de travail est rare.
Un autre facteur clé des infections à VIH est la violence sexiste (ou violence basée sur e genre), qui touche une femme sur trois et dont les taux de prévalence varient de 13 % à 61 %.
Le cri de ralliement #WorldAidsDay de cette année devrait être pour les décideurs politiques, les autorités de santé publique et les scientifiques de répondre aux préoccupations économiques et sociétales qui menacent d’exacerber la prévalence du VIH/sida.
Alain Toussaint (Consultant en Communication Politique et Affaires Publiques)