Alors que le Covid-19 garde continue d’impacter les industries du voyage et du tourisme, l’Association du transport aérien international (IATA) prévoit des pertes nettes mondiales de ce secteur à hauteur de 11,6 milliards de dollars pour 2022, contre 51,8 milliards de dollars en 2021.
L’organisme prévoit des pertes allant jusqu’à 200 milliards de dollars entre 2020 et 2022 dans le monde selon son dernier rapport. IATA représente quelque 290 compagnies aériennes représentant 83 % du trafic aérien mondial.
L’IATA a prévu une perte de 1,5 milliard de dollars US pour les compagnies aériennes africaines en 2022, une reprise par rapport au chiffre de 1,9 milliard de dollars de 2021, renforcée par les attentes d’une certaine reprise des voyages intra-africains et des voyages vers certaines destinations touristiques avec des taux de vaccination relativement plus élevés.
Bien que cela soit considéré comme une amélioration, cette nouvelle donne est interprétée comme une « lente reprise » par l’IATA en raison des faibles taux de vaccination à travers le continent.
Des dizaines de pays ont imposé des restrictions de voyage radicales aux pays africains, dont certains n’ont pas encore détecté de cas de variante Omicron. Cela a relancé le débat sur l’efficacité des fermetures de frontières et les mesures ont suscité l’indignation et les revendications des régions boucs émissaires après que l’Afrique du Sud a sonné l’alarme au sujet de la nouvelle variante Omicron.
L’industrie touristique africaine emploie indirectement 24,6 millions de personnes, soit 6,8% de l’emploi total du continent. Les dernières statistiques du Conseil mondial du voyage et du tourisme (World Travel & Tourism Council, WTTC) montrent que le secteur du tourisme a perdu près d’un tiers de ses emplois à la suite de la pandémie de Covid-19.
L’industrie du tourisme en Afrique, qui a généré plus de 188 milliards de dollars américains et représentait un peu moins de 7 % du PIB du continent avant la pandémie, soutenait également auparavant 24,7 millions d’emplois. Mais après l’épidémie de Covid-19, les statistiques du WTTC montrent une diminution de 76 milliards de dollars et une perte de 7,2 millions d’emplois.
Statistiques d’octobre
L’IATA a également publié un rapport sur les voyages internationaux pour octobre 2021 qui indique que la reprise des voyages aériens s’est poursuivie en octobre 2021, avec des améliorations généralisées sur les marchés nationaux et internationaux.
La demande globale de voyages en avion en octobre 2021 était en baisse de 49,4% par rapport à octobre 2019. Il s’agit d’une amélioration par rapport à la baisse de 53,3% enregistrée en septembre 2021, par rapport à deux ans plus tôt.
Les marchés intérieurs se sont contractés de 21,6% par rapport au résultat d’octobre 2019, faisant progresser la baisse de 24,2% enregistrée en septembre par rapport au chiffre de septembre 2019.
Le trafic des compagnies aériennes africaines a baissé de 60,2% en octobre par rapport à il y a deux ans, le trafic en septembre ayant baissé de 62,1% par rapport à la période comparative 2019.
Des attentes de reprise de voyage ?
La tragédie qui a frappé l’Afrique de l’Est et de l’Ouest à la suite de l’épidémie d’Ebola pourrait servir de modèle aux ravages du Coronavirus qui pourrait faire des dégâts dans le secteur du tourisme en Afrique. L’épidémie d’Ebola, dont le premier cas a été signalé en décembre 2013, a duré deux ans et demi, touchant près de 30 000 personnes. Environ 99% des cas se trouvaient en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria. Selon le WTTC, les arrivées de touristes en Sierra Leone ont diminué de 50 % entre 2013 et 2014.
Des pays aussi éloignés que le Kenya, à plus de 4 800 km du foyer, ont signalé une perte importante d’arrivées au cours de la période. Les principales compagnies aériennes ont gelé les liaisons aériennes et plusieurs pays voisins ont fermé leurs frontières avec le pays touché, notamment le Sénégal et la Côte d’Ivoire.
Si l’on s’en tient à la priorité, cela pourrait prendre deux à trois ans avant que les secteurs du voyage mondial et africain ne rebondissent. Cela nécessite des interventions des gouvernements africains pour soutenir les institutions privées à court-moyen terme notamment avec la découverte de la variante Omicron dont le plein impact reste à évaluer.
Toussaint Alain (Consultant en Communication Politique et Affaires Publiques)