Des chercheurs du Costa Rica expérimentent depuis plusieurs semaines sur 27 patients un traitement contre le coronavirus à base de plasma de cheval.
Les scientifiques de l’Institut Clodomiro Picado de l’Université du Costa Rica ont inoculé à six chevaux des protéines du coronavirus, obtenues auprès de laboratoires en Chine et au Royaume-Uni, et ont recueilli ensuite les anticorps développés par les animaux, contenus dans leur plasma sanguin.
Des tests in vitro ont d’abord été réalisés dans un laboratoire américain, à l’Université George Mason (Virginie). “Nous avons exposé les anticorps produits sur des chevaux à plusieurs dilutions du virus Sars-Cov2 en cultures cellulaires et nous avons mis en évidence que le virus a été neutralisé”, indique le chercheur américain Charles Bailey, en charge de l’étude.
Un lot initial de 1.000 flacons de 10 ml de la solution purifiée a ensuite été fabriqué et sert à présent à des essais de phase 2 sur 26 patients détectés positifs au Sars-cov2.
Les résultats préliminaires ont montré que le traitement est “très sûr, ce qui suggère une (tolérance) adéquate par les patients”, souligne le Dr. Willem Bujan qui mène l’étude.
S’il est validé après la phase 3 d’expérimentation sur des centaines de malades, le traitement sera destiné à des patients en début de maladie “quand les symptômes ne sont pas encore très sévères et que la charge virale n’est pas trop grande”, explique à l’AFP Andres Hernandez, le pharmacien qui dirige l’Institut Clodomiro Pico.
Neutraliser le virus en 4 jours
Le but est que les anticorps équins neutralisent le virus et que les symptômes diminuent en quatre jours, permettant au malade de respirer sans difficulté, avec une disparition de la fièvre, ajoute-t-il.
Avec ce traitement, les autorités sanitaires espèrent endiguer l’afflux de patients dans les services de soins intensifs, qui menacent d’être submergés alors que le pays enregistre environ un millier de nouveaux cas chaque jour. Actuellement, le petit pays d’Amérique centrale de cinq millions d’habitants comptabilise depuis le début de l’épidémie un total de 77.000 cas, dont plus de 900 morts.
L’Institut Clodomiro Picado bénéficie d’une grande expérience dans la production de sérums antivenimeux, qu’il exporte dans de nombreux pays d’Amérique latine ou d’Afrique.
Pour leur production, l’Institut recourt couramment à des chevaux qu’il possède dans une propriété située dans les montagnes au nord-ouest de la capitale.
“Nous avons toujours travaillé avec des chevaux car c’est un animal docile, très intelligent, et son volume sanguin nous permet d’avoir une grande quantité de plasma”, explique M. Hernandez.
Le procédé sera mis à la disposition d’autres pays et d’autres organismes avec le soutien de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a indiqué à l’AFP le président costaricien Carlos Alvarado.